Aide soignant en EHPAD durant une année avec plus de 2200 heures de nursing effectuées, j’ai vu défiler beaucoup d’aides-soignants avec le dos cassé. Pourtant, certains n’étaient dans la profession que depuis deux ans seulement!
Voici 5 conseils simples à suivre afin de garder votre dos intact à vie et de préserver le patient du risque de chute…
Conseil #1:
Votre santé est votre principal actif: cultivez-là!
« Qui veut aller loin ménage sa monture! »
Vous voulez garder votre métier et continuer à le faire encore demain? Prenez soin de votre dos. La santé est notre premier actif, sans elle on ne fait pas grand chose. Je ne connais personne qui n’ait eu envie de se réveiller un matin avec un lumbago ou un dos bloqué avant d’aller bosser…
Une ceinture lombaire ne remplacera pas vos muscles. Si vous n’êtes pas musclé, abonnez-vous à une salle de sport et travaillez votre ceinture scapulaire (abdominaux et lombaires). Sans quoi vous resterez vulnérable aux vilaines blessures. N’achetez pas ces ceintures lombaires elles ne remplaceront pas vos muscles, sauf si vous aimez voir votre pharmacien rouler en Ferrari 😉
Conseil #2:
Personne n’est jamais allé plus vite avec un dos cassé…
Sachez dire NON
Vous voulez aller plus vite et gagner du temps? C’est bien, c’est ce qu’il faut faire. C’est du moins ce qu’on attend de vous, surtout quand on a que 10 minutes pour faire une toilette… Mais en allant vite sans prendre soin de votre dos, vous irez vite… une seule fois!
Repensez-y quand on vous demandera une surcharge de travail que vous ne pouvez pas accomplir avec la manutention « dans les règles de l’art« . Dite simplement non.
Conseil #3:
Utilisez le matériel !
Dans un EHPAD il y a toujours du matériel. Même s’il n’y a qu’un lève-personne au troisième étage… Utilisez-le. Quand vous aurez créé assez de panique dans l’établissement parce que votre travail « de qualité » perturbe le fonctionnement des étages, votre établissement investira dans du matériel en quantité suffisante. Si vous n’êtes pas convaincu, essayez simplement, et vous verrez le résultat.
Pour vous convaincre sachez que si vous vous blessez sans utiliser le matériel de l’établissement votre arrêt de travail ne sera pas considéré comme un arrêt maladie. En gros vous devrez payez vos propres soins comme un grand. En effet, les textes de lois considèrent que, de par votre formation et le matériel à disposition, vous aviez les moyens de prendre soin de votre dos.
Conseil #4:
Monsieur X a envie d’aller à la chaise percée mais n’a pas d’appui
Monsieur X n’a pas d’appui, et vous vous voulez garder votre dos. Donc à moins que vous ne souhaitiez sacrifier votre vie pour celle de monsieur X je vous conseille de ne pas mettre monsieur X à la chaise percée.
Proposez-lui un bassin, qui sera plus adapté qu’un chaise et comportera moins le risque de chuter et de mettre le patient en danger.
Rappelez-vous ce que Virginia Henderson a dit: éliminer est un BESOIN, pas une envie.
Une envie est plutôt une manière de se réaliser ou de se récréer. Je doute fort que le fait de mettre monsieur X selon ses envies à la chaise percée lui permette de se réaliser, sauf si vous êtes en psychiatrie, à vos risques et périls…
Conseil #5:
la remplaçante avec qui vous êtes a « l’habitude de« :
RE-FLE-CHI-SSEZ!
La remplaçante soulève les patients à main nue alors que le lève-personne est dans la chambre?
Ne vous laissez pas avoir et allez chercher le lève-personne. Souvent on cherche à gagner du temps, mais pour quoi faire? Demain la personne à coucher sera encore là. Aller vite ne vous fera pas gagner du temps, vous augmenterez toujours les risques de vous blesser en allant vite.
Pour aller plus loin…
Voici quelques trucs pour être encore en vie en santé dans dix ans:
- Un patient sans appui est un patient qui porte une protection et/ ou qui utilise un bassin. Sauf appareillage particulier, mettre ce patients aux toilettes ou sur une chaise percée implique un trop grand risque de chute du soignant et de blessure. Il est préférable de ne pas soulever à main nue le patient, sauf si le patient est très léger. Sinon, c’est à vos risques et périls…
- Un patient qui a un appui mais qui ne participe pas aux transfert est le candidat idéal à un verticalisateur. Si vous effectuez le transfert seul (sans machine ou sans collègue) c’est à vos risques et périls…
- Un patient qui a glissé à terre sans mal apparent doit être relevé avec un lève-personne, jamais à la main. Sauf s’il appartient à la catégorie des « poids plumes » (passez-moi l’expression)
- Si vos collègues se bornent à prendre des risques inconsidérés, refusez votre collaboration. C’est votre travail de collaborer, mais former des professionnels est aussi une de vos compétences infirmières. Refuser de collaborer à des actes qui comportent trop de risques au regard des bénéfices escomptés fait parti de votre travail. Ne vous laissez pas avoir par les habitudes.
Le mot de la fin: bon courage dans votre job et prenez soin de vous !
PS : Dites-moi si vous êtes d’accord avec les 5 conseils évoqués dans cet article 🙂
source de l’image: voir la page pour l’auteur [CC-BY-4.0], via Wikimedia Commons
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