LES RAPAT’ DE TOM – MA PREMIÈRE FOIS
PREMIER ÉPISODE: MA PREMIÈRE FOIS
Perpignan
Il est 10 heures du matin, je me couche enfin après une longue nuit de travail et un petit déjeuner bien mérité. Je suis à Toulouse, dans l’appartement de ma copine du moment ( qui sera en fait un peu plus que ça, mais là n’est pas le sujet ), le jour est levé depuis trop longtemps, et malgrès ma réticence à dormir alors que les rayons du soleil appellent mes yeux à rester ouvert, je m’allonge sans prendre la peine de fermer les volets et plonge dans un sommeil réparateur…
Le téléphone sonne. Je roule péniblement sur le côté pour l’atteindre. Je ne sais pas où je suis, quelle heure il est, et encore moins quel jour de la semaine. ( Le bonheur de travailler en nuit et de décaler son emploi du temps, voire de ne pas en avoir du tout ! ).
« Allo? »
« Salut Thomas, t’es dispo aujourd’hui? »
« Euh… ouais sans problème »
« Super, tu pars à Perpignan chercher une dame intubée ventilée, tu pars avec Fred et un ambulancier à 13h au local de Sud »
« Ok ca marche, j’y serais »
Brusque retour à la réalité. Je commence à me redresser dans le lit, et soudain me vient une question aussi déroutante que nécessaire : Mais au fait, qu’elle heure il est?!
Un coup d’oeil à ma montre : 11h, ouf, je vais avoir le temps de me réveiller un peu avant de partir. Je n’ai jamais fait de rapatriement sanitaire avant, je ne sais pas qui est Fred ( sans doute un médecin ), et je ne sais absolument pas comment ça va se passer. Je me repasse en mémoire ce que j’ai retenu de l’appel de. Perpignan, une patiente intubée ventilée, autrement dit une patiente potentiellement instable. Je n’en sais pas plus, ni pourquoi elle est à l’hôpital, ni dans quel état elle est réellement. Je commence à réaliser la journée qui m’attend, et le stress qui va avec. Ca y est, de grosses et vicieuses auréoles de transpiration viennent s’étirer le long de mes dessous de bras. C’est désagréable, ca colle et ça me donne froid, heureusement, je n’ai pas encore pris ma douche. ( J’aurais pu omettre les détails croustillants mais j’essaye de faire une description au plus près du réel, et de vous faire rire par la même occasion! ). Une douche, oui, mais avant tout, un café. Non, deux cafés. Et une douche, je l’ai déjà dit mais je suis stressé.
13h, je suis au local de la boite rapatriement depuis une bonne demi heure déjà. J’attends en fumant clope sur clope et en faisant les cent pas devant la porte. 13h10, l’ambulancier et Fred arrivent en même temps. On se présente et je leur mentionne peut être quatre fois que c’est mon premier rapatriement et que je ne sais absolument pas comment ça se passe. Ils me rassurent et commencent à préparer le matériel. Nous décollons cinq minutes plus tard et Fred roupille sur le brancard à l’arrière pendant que je discute avec l’ambulancier. Il m’explique qu’il est un des plus anciens de la boite, et qu’il fait ça depuis des années. Fred et lui se connaissent bien, l’ambiance est à la rigolade et aux récits d’anciens combattants. Je me détend un peu et commence à être rassuré. Je sens que je n’ai pas fait un mauvais choix en voulant faire du rapatriement, et ce commencement n’est que le prélude à ce qui sera une des facettes de ce métier que je préfère de loin à toutes les autres.
Nous arrivons à Perpignan, la patiente est très bien, intubée mais réveillée, ils ont laissé le tube pour ne pas prendre de risques pendant le transport. Bonne idée. Fred règle le respirateur de transport pendant que je gère les perfs et autres fils en tous genres qui encombrent le lit de la patiente. L’infirmier du service à l’air de patauger complètement et je pense qu’il doit être encore plus stressé que moi. Il à l’air de débuter aussi et ne doit pas connaitre grand chose en réanimation étant donné qu’il me regarde avec des grands yeux ébahis quand je lui demande si il peut aspirer les patiente par sa sonde d’intubation avant de partir. C’est méchant mais ça me rassure de me dire que je gère assez bien les choses finalement.
Nous partons, et c’est à ce moment là que nous nous rendons compte que notre saturomètre ne marche pas, ou presque pas. ( saturomètre : appareil permettant de mesurer la saturation en oxygène des tissus de la patiente, en d’autre terme ça permet de savoir si elle respire correctement, sauf quand ça ne marche pas…)
C’est quand même dommage d’avoir une patiente sous respirateur et de ne pas pouvoir savoir si elle respire bien. Bref, Fred bricole le saturo pendant que nous démarrons. Le début du trajet se passe bien, jusqu’à ce que la patiente essaye de nous dire quelque chose. Pas pratique avec un tuyau dans la gorge. Elle essaye de communiquer par geste et j’essaye de lui poser des questions pour savoir ce qui se passe. Après quelques tentatives infructueuses, nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute et j’arrive à comprendre ce que veux la patiente. Elle veut qu’on lui enlève ce tuyau qu’elle a dans la gorge et qui soit dit en passant ne lui est plus d’une utilité flagrante. Après lui avoir expliqué qu’une aire d’autoroute n’est pas l’endroit le plus adapté pour ça, et que nous arrivons bientôt à Toulouse, qu’on lui enlèvera tout ça la bas tranquillement, nous débranchons le repsirateur et reprenons la route. Tout se passe bien jusqu’à l’arrivée à Purpan.
Arrivés en réa à Purpan, j’ai l’impression que c’est la guerre, il n’y a pas moins de quatre infirmières et autant d’aides soignantes pour installer la patiente.Tout le monde s’étonne de la voir respirer toute seule, ce qui est presque dérangeant car on a l’impression qu’il faudrait que la dame aille mal, histoire de donner du travail et de l’importance aux infirmières de réa. Mais la dame va très bien même si tout le monde à l’air déçu. C’est un des aspects qui me font détester l’hôpital, tout le monde à l’air de vouloir être indispensable, mais ce n’est jamais le cas.
Sur ces entre-faits nous rentrons tranquillement au local, et je rentre me reposer, il est 19h, je me couche pour la deuxième fois aujourd’hui, fourbu mais heureux de cette première expérience.
Les RAPAT’ DE TOM sont des récits d’aventure de rapatriement sanitaire. Tom, infirmier urgentiste, nous livre son expérience des missions sanitaires. Ce sont des histoires vraies qu’il nous partage. Pour retrouver ces « Chroniques au bord du Rapatriement Sanitaire » sur Amazon (format Kindle, 62 pages) et embarquer dans l’univers du soin, cliquez ici 😉