Au départ je souhaitais être infirmière dans l’armée
Salut, peux-tu te présenter rapidement pour les lecteurs de Territoire-Infirmier.com ?
Je m’appelle Sandra j’ai 27 ans, j’habite à Vernon ( 27, dans l’Eure en Normandie ). J’ai un BAC ES et je suis entrée à L’ISFI de la Croix Rouge Française de Mantes la Jolie ( 78 ) en Juillet 2013.
J’ai essentiellement travaillé en médecine ( Service de cardiologie, pneumologie et hépato-gastroentérologie ). Je travaille actuellement en hépato-gastroentérologie depuis 2 ans. Nous avons également une unité de soins palliatifs.
Pourquoi as-tu décidé de passer le concours d’infirmier et de faire les études d’infirmier au départ ? Quelles furent tes motivations premières pour faire ce métier ?
Au départ je souhaitais être infirmière dans l’armée. Jai donc passé le concours de sous-officier que j’ai obtenu. Malheureusement ils privilégiaient les promotions interne, je n’ai donc pu intégrer la formation l’année souhaitée. Un délai d’un an d’attente était nécessaire…
Jai donc directement passé le concours de l’IFSI d’Evreux et de Mantes-la Jolie, que j’ai obtenu. J’ai ensuite intégré l’IFSI de Mantes-la-Jolie en Septembre 2009.
Ce qui m’a poussé à devenir infirmière fut dans un premier temps la relation singulière que je pouvais avoir un autrui. Le sens de l’écoute et du partage. Le désir d’accompagner et de soutenir, soigner et réconforter.
Par ailleurs je me suis toujours intéressée à la médecine, ses découvertes et ses progrès. L’anatomie et ses mécanismes. Tout en ayant la possibilité de combiner théorie et technique en réalisant des soins.
Enfin, je voulais exercer une profession qui m’offrait des perspectives d’évolution.
Quelles qualités faut il avoir selon toi pour réussir son concours infirmier et faire ces études ?
En ce qui concerne le concours, je pense qu’il faut savoir se présenter et défendre une idée sans émettre de jugements. Faire preuve d’écoute et savoir dialoguer.
Concernant les études, savoir travailler en autonomie, effectuer des recherches, faire preuve de curiosité intellectuelle. Être organisé, constant dans son apprentissage. Apprécier le travail en groupe.
Comment se sont déroulées tes études à l’IFSI ? Qu’est-ce que tu as le plus aimé et au contraire le plus détesté ?
Nous bénéficions de cours magistraux souvent dispensé par différents intervenants ( professeurs et professionnels ), ou par le biais d’internet. En effet nous étions rattaché à la FAC de médecine de la Pitié Salpêtrière de Paris. Un travail personnel important était nécessaire. Le concept était de travailler les cours directement chez soi via un écran interposé ce qui constituait un réel avantage. Néanmoins en cas d’interrogation ou d’incompréhension il était difficile, voir impossible, de poser notre question…
Nous avions également des travaux dirigés, que nous réalisions la plupart du temps en groupe restreint.
Nous réalisions énormément de jeux de rôle, sous forme de scènettes.
Nous avions également des ateliers pratique pour l’apprentissage des soins techniques.
Sur quoi as-tu fais ton mémoire de fin d’étude ? Et pourquoi ?
J’ai effectué mon mémoire sur la gestion des émotions.
En effet en tant que soignant , nous sommes amenés à être confrontés sans cesse aux émotions des patients, leur histoire et leur vécu, ce qui nous demande un investissement humain particulier. Or sommes-nous assez préparés et en mesure d’êtres confrontés à ces différentes situations ? Lors de mes différentes lectures et expériences professionnelles, de nombreux soignants se sont exprimés sur leurs différentes difficultés à gérer leurs émotions face à certains patients. Faut-il souligner l’importance du contexte et l’histoire propre de chacun ? Je me suis alors interrogée sur notre capacité en tant que soignant à gérer nos émotions. Cette gestion relève t’elle de l’innée ou de l’acquis ?
J’ai choisi ce sujet car je pense que les émotions sont indissociables de notre profession.
Quel conseils donnerais-tu aux étudiants infirmiers concernant leurs stages ou leurs études ?
Concernant les études, savoir travailler en autonomie, effectuer des recherches, faire preuve de curiosité intellectuelle. Être organisé, constant dans son apprentissage. Apprécier le travail en groupe.
Concernant les stages, faire preuve d’initiatives et de curiosité intellectuelle. Ne pas hésiter à poser des questions ( car il n’existe pas de questions bêtes ). Réaliser des DSI et des recherches théoriques. Etre dynamique et volontaire. Être assidus, savoir se positionner en tant que futur professionnel de santé. Conserver son rôle propre !
En cas de difficultés, ne pas hésiter à en parler aux formateurs ou professionnels de santé.
Quelle a été la pire chose que tu as vécu en tant qu’étudiant ou professionnel ?
Des fins de vie douloureuse et difficile pour le patient et son entourage ( malheureusement certaines prises en charge restent à s’améliorer ).
Que penses-tu de l’enseignement délivré sur les lieux de stage ? Penses tu que c’est suffisant ou qu’il y aurait des choses à revoir ? Que faudrait-il changer selon toi ?
Chaque service et professionnel de santé est différent d’un lieu à l’autre. Je pense que l’enseignement y est suffisant et que chaque stage à son importance, il faut savoir saisir les opportunités. Je pense qu’un étudiant pleinement investi durant son stage n’éprouvera pas de difficultés particulières.
J’ai malheureusement parfois rencontré des professionnels de santé peu investi dans l’accueil, l’encadrement et l’évaluation des étudiants, essentiellement liés à un manque de motivation et parfois de temps.
As-tu des livres à conseiller pour le concours d’infirmier, les études ou découvrir la profession ?
Lors de mes études je me suis rendu régulièrement au CDI, car les livres sont souvent très couteux.
Afin de compléter mes recherches et connaissances, ainsi que pendant mes stages j’ai souvent utilisé les « Mémo stage infirmier » et les « Cahiers des sciences infirmières » des éditions Masson. Ils regroupent l’essentiel et les explications sont simples.
J’ai également lu plusieurs ouvrages , dont deux qui m’ont particulièrement plu : « De novice à expert : excellence en soins infirmiers » de Patricia Benner et « la relation soignant-soigné » d’Alexandre Manoukian.
Que lis-tu en ce moment d’ailleurs ?
Rien à voir avec ma profession. Je lis essentiellement des romans fantastiques ou d’aventures 🙂
Avec le recul et le diplôme en poche, comment vois-tu finalement ces 3 ans d’études? Quelle a été pour toi la chose la plus compliquée ?
Avec le recul , je pense que ces 3 ans de formation sont très denses. Nous devons finalement accumuler tous ces nouveaux savoirs en très peu de temps.
La chose la plus compliquée pour moi fut de cumuler études, emploi et vie de famille.
Est-ce difficile de trouver du boulot en tant qu’infirmier actuellement ? As tu eu des difficultés à trouver un poste ?
Je n’ai pas eu de difficultés à trouver mon premier poste ( j’ai même eu le luxe de choisir entre plusieurs services de médecine ), néanmoins je pense qu’il est plus difficile aujourd’hui de trouver un poste à durée indéterminée et dans un service souhaité.
Dans quel service exerces-tu actuellement ?
Je travaille actuellement en hépato gastroentérologie en hôpital public.
Est-ce que tu t’éclates ou bien c’est bof et tu envisages d’aller voir ailleurs ?
J’apprécie mon service et énormément mes collègues de travail.
Exerces-tu une spécialisation et si oui qu’est-ce qui t’a poussé à te diriger dans cette voie ?
Non pas pour le moment.
Combien gagnes-tu tous les mois ? Es-tu satisfaite de ton salaire ?
Je gagne 1800 euros par mois, je suis satisfaite.
Quelles sont tes conditions de travail actuellement ? Est ce que c’est difficile ou pas ?
Les conditions de travail sont effectivement difficile suite à une restriction budgétaire sans précédent. Nous multiplions nos taches de travail sans avoir pour autant de compensation horaire ou financière. La quantité prime sur la qualité de notre travail. Je regrette la diminution du temps accordé à chaque patient. Enfin nous assistons à la multiplication de « contrat précaire », en cas d’arrêt maladie , peu de nos collègues sont remplacées, ils nous est demandé de moduler notre planning. A contrario, en cas de remplacement, aucun contrat de plus de deux mois est proposé. Par conséquent nous assistons à un « turn over » important.
Peux-tu nous donner ta journée type de travail ? Que fais-tu dans ta journée, combien d’heures travailles-tu par jour ? Peux-tu détailler un peu tes activités quotidiennes ?
En semaine du Lundi au Vendredi nous travaillons en 7,5h, soit du matin de 6h45 à 14h30, soit d’après-midi de 13h45 à 21h30.
En ce qui concerne les weekends , nous en travaillons un weekend sur deux. Soit un du matin ou d’aprem puis un de journée en 12h, de 8h à 20h. Ce processus s’applique également aux jours fériés.
Il est difficile de décrire « une journée type ».
Le matin 6h45-13h45 :
- 6h45 à 7h : Transmissions
- 7h à 7h15-30 : Prélèvements sanguins, prélèvements urinaires, relève des diurèses.
- 7h30 à 7h45 : Préparation des soins de 8h ( antibiothérapie, perfusion, SAP…) .
- 8h à 9h : Prise des constantes des patients, évaluation de la douleur, surveillance clinique, administration médicamenteuse, vérification des VVP/PAC/sous/cut, SAP, SNOG, SU, réalisation des glycémies et injections d’insuline…
- 9h à 9h15 : Pause déjeuner avec l’ensemble de l’équipe médicale et transmissions aux médecins.
- 9h15 à 11h30 : Préparation des patients aux examens ( radiologie, consultations, bloc…). Préparation des soins de 10h ( antibiothérapie, aérosols, GDS, pansements, perfusion, SAP, SNOG, SU, transfusion plaquettes/culot sanguin, changement de KT/aiguille de Hubert, ECG…). Assister le médecin lors de réalisation de certains soins comme les ponctions d’ascite par exemple.
- Préparation des piluliers sur 24h.
- 11h30 à 12h15 : Préparation des soins de 12h, évaluation de la douleur, surveillance clinique, administration médicamenteuse, vérification des VVP/PAC/sous/cut, SAP, SNOG, SU, réalisation des glycémies et injections d’insuline…
- 12h15 à 13h15 : Transmissions écrites, relève de la visite médicale ( examens , changements de prescription…, Consultation des résultats des examens réalisés dans la matinée, préparation des examens ( vérification des bons, préparation des bilans sanguins… ), mise à jour des feuilles de transmissions. Préparation des dossiers de sortie du jour…
- 13h15 à 13h30 : Pause déjeuner
- 13h30 à 13h45 : Nettoyage de la salle de soins, évacuation des déchets.
L’après-midi de 13h45 à 21h30 :
- 13h45 à 14h20 : Transmissions orales à l’équipe suivante.
- 14h20 à 14h45 : Effectuer les commandes
- 14h45 à 15h : Préparation des soins ( précédemment cités )
- 15h à 17h : TRAVAIL EN BINOME avec notre collègue AS.
- Désinfection des chambres, salle de bain, changement des draps…
- Soins de nursing
- Prise des constantes des patients, évaluation de la douleur, surveillance clinique, administration médicamenteuse, ( antibiothérapie, aérosols, perfusion, SAP, SNOG, SU, transfusion plaquettes/culot sanguin…) vérification des VVP/PAC/sous/cut, SAP, SNOG, SU…
- Accueil des nouveaux patients ( recueil de données, inventaire, prise des constantes, application des prescriptions médicales…)
- 17h à 18h15: contre visite avec le médecin, transmissions écrites, relève de la visite médicale ( examens , changements de prescription…, Consultation des résultats des examens réalisés dans l’après-midi, préparation des examens ( vérification des bons, préparation des bilans sanguins… )
- 18h15 à 18h30 : préparation des soins ( précédemment cités )
- 18h30 à 19h15 : Evaluation de la douleur, surveillance clinique, administration médicamenteuse, vérification des VVP/PAC/sous/cut, SAP, SNOG, SU, réalisation des glycémies et injections d’insuline…
- 19h15 à 19h30 : Distribution des repas
- 19h30 à 20h : pause diner
- 20h à 20h30 : préparation et administration des soins ( précédemment cités )
- 20h30 à 21h : Nettoyage de la salle de soins, évacuation des déchets. Transmissions écrites et mise à jour des feuilles de transmissions.
- 21h à 21h20 : Transmissions orales à l’équipe suivante.
Cette journée « type » ne comprend pas les éventuels décès ou urgences, les perpétuels changement de prescription, les appels des sonnettes, les admissions imprévues, les temps de rencontre avec les proches des patients, l’encadrement des étudiants…et ce fameux téléphone qui ne cesse de sonner !
Qu’aimes-tu le plus dans ton métier ?
La relation singulière que je peux avoir avec les patients, l’échange et le partage. L’évolution constante des pratiques, la possibilité de se former à ces nouveaux savoirs. Transmettre nos connaissances.
Au contraire que détestes-tu par dessus tout ?
La sensation de « ne pas avoir le temps ».
Quelle anecdote peux-tu nous raconter sur un patient qui t’a le plus marqué ?
Ma première sédation profonde chez un patient en fin de vie, en capacité de le demander.
As-tu le temps pour des loisirs en dehors de ton travail ? Si oui lesquels ?
Je fais du sport 3 à 4h par semaine. Je lis beaucoup, et regarde énormément de série télévisé/films.
Penses-tu que la profession infirmière est encore trop régie par les médecins et pas assez par les infirmières elles-mêmes ? Quel est ton avis sur ce sujet ?
Je pense effectivement que dans certains secteurs il puisse encore exister la « suprématie » des médecins, que certaines infirmières sont considérées comme de simple exécutrices.
En France on a une culture du soin « gratuit pour tous », penses-tu que les soins doivent continuer d’être gratuit ou devenir payant ? Quel est ton avis là-dessus ?
Je pense que chacun doit avoir le droit d’accéder à la santé et ce gratuitement.
Que penses-tu des nouvelles technologies ? L’informatique à l’hôpital est-il une bonne chose selon toi ?
Oui quand cela fonctionne. Les prescriptions y sont plus claires et le risque d’erreur amoindri. Les résultats des examens sont accessibles en temps réel.
Par ailleurs les données d’un patient sont sauvegardées et peuvent êtres réutilisées lors d’une prochaine hospitalisation.
Penses-tu que le métier d’infirmier est reconnu à sa juste valeur ? Si non pourquoi ?
Non. Une infirmière doit être aujourd’hui de plus en plus polyvalente, je pense qu’il existe un réel dépassement de tâche et ce aucune compensation financière ou horaire nous est proposé.
Quelles sont les évolutions possibles dans les années à venir ? As-tu un projet précis en terme de carrière ?
J’aimerais être cadre-formateur en IFSI dans une dizaine d’années.
Un petit mot de la fin ?Quel conseil donnerais-tu aux personnes qui souhaiteraient faire ce métier ?
Ne rien lâcher, car il s’agit d’un fabuleux métier.